Christian Dumard : « Un parcours stratégiquement ouvert »
Avant de partir tenter avec sa fille le record du Passage du Nord-Ouest, le prévisionniste météo, collaborateur régulier de Lorient Grand Large - organisateur de Lorient-Les Bermudes-Lorient -, a décrypté pour nous les 5 780 milles du parcours.
« D’un point de vue stratégique, la course est relativement ouverte, puisque deux types de routes sont possibles sur la transat aller en fonction du positionnement de l’anticyclone des Açores, qui est pile sur la route des Bermudes.
S’il est placé très nord, il faudrale contourner par le sud, une route beaucoup plus confortable dans la mesure où elle s’effectue au portant. C’est d’ailleurs la route qu’avaient empruntée François Gabart et Thomas Coville sur The Transat bakerly en 2016.
A l’inverse, si l’anticyclone est positionné plus au sud, cette option devient pénalisante, parce qu’elle a pour conséquence de rallonger considérablement la route pour faire le tour de l’anticyclone par le sud. Dans ce cas, il faut passer au nord, une route bien moins agréable, puisque majoritairement au près. Vu la vitesse des trimarans de la classe Ultim 32/23, je pense qu’ils seront fixés dès le départ sur leur choix de route, les schémas seront bien établis.
Une fois arrivé aux Bermudes, tout est possible à cette époque de l’année et on l’a bien vu sur la 35e Coupe de l’America ! Il peut y avoir soit du vent assez stable qui ressemble à un régime d’alizé, majoritairement de sud, soit des passages de petites dépressions qui peuvent générer des coups de vent assez forts, de l’ordre de 30-35 nœuds, soit l’anticyclone des Bermudes qui se positionne sur l’archipel. Dans ce dernier cas, il peut provoquer un resserrement de la flotte s’il se positionne avant l’arrivée des premiers. Ou, à l’inverse, faire office de passage à niveau, comme on l’a vu en 2018 sur la course Newport-Les Bermudes : les bateaux les plus rapides sont arrivés aux Bermudes juste avant l’anticyclone, leurs poursuivants se sont retrouvés bloqués et ont touché terre plus d’une journée plus tard.
Enfin, pour ce qui est du retour vers Lorient, a priori, il y a moins d’options : c’est une trajectoire nord, majoritairement au portant, sur une route proche de celle du record de l’Atlantique Nord. Les Ultims peuvent mettre 7-8 jours pour boucler cette double transat si les conditions sont favorables, 10 jours si elles le sont moins. »